1. Changer d'assolement pour ne plus sub 1. Changer d'assolement pour ne plus subir les restrictions
Denis Mousseau a signé une mesure agroenvironnementale « désirrigation ». Dorénavant, il n'irrigue que ce qui lui procure le plus de valeur ajoutée.
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« En 2001, grâce à notre volume alloué de 157 000 m3/an, nous irriguions 60 ha de maïs ainsi que des cultures d'hiver au printemps, se souvient Denis Mousseau, agriculteur à Epannes, près de Niort (Deux-Sèvres). Cette année, je n'irrigue plus que 15 ha de maïs, 3 ha de luzerne et quelques hectares au printemps, avec 45 000 m3/an. » En dix ans, la multiplication des restrictions d'usage de l'eau sur le bassin Mignon-Courance ont eu raison des deux associés du Gaec du Moulin à vent. « En 2009, la moyenne des volumes alloués les cinq dernières campagnes a été amputée de 30 %. Les agriculteurs qui avaient donc déjà fait des efforts pour irriguer moins ont à nouveau été pénalisés », regrette Denis, qui s'est retrouvé avec un volume de 90 000 m3 sur deux forages.
ASSURER L'AUTONOMIE ALIMENTAIRE
En 2010, les associés ont décidé d'agir en signant une mesure agroenvironnementale (MAE) « désirrigation ». En outre, ils devaient réinvestir dans du matériel d'irrigation. Un forage a donc été abandonné, soit l'équivalent de 45 000 m3, ainsi que la production sur 22 ha de maïs grain. Le deuxième forage, situé au milieu des surfaces fourragères près des bâtiments d'élevage, permet d'assurer l'autonomie alimentaire pour les 50 vaches laitières. « Nous avons une démarche globale avec cette MAE. Nous devons irriguer ce qui est vital, ce qui nous procure le plus de valeur ajoutée, soit les fourrages. »
UN MANQUE À GAGNER
L'engagement de 2 000 m3/ha sur 22 ha pendant cinq ans est compensé par une indemnité de 253 €/ha. « Dans la réalité, cette indemnité, dont le paiement était prévu en début d'année mais que j'attends toujours, ne compense pas du tout le manque à gagner engendré, estime Denis Mousseau. Entre une culture de pois en sec et celle de maïs irrigué, en comptant l'indemnité de la MAE (voir l'infographie), je perds 376 €/ha, soit plus de 7 600 euros sur les 22 ha engagés. Je subis une grosse perte économique, mais je ressens moins l'épée de Damoclès au-dessus de ma tête en cas de restriction d'usage de l'eau. En revanche, cette MAE ne constitue pas une solution à moyen ou long terme. »
Pour l'agriculteur, cette mesure permet de l'accompagner vers un changement d'assolement mais aussi vers la création de réserves, une vraie solution à long terme. Une démarche a été lancée afin de créer plus d'une dizaine de réserves pour les 170 irrigants des bassins de la Sèvre niortaise et ses affluents (lire l'encadré ci-dessous). Mais si la réserve est créée, le deuxième forage ne pourra plus être utilisé en période d'étiage.
EN RESTRICTION TOTALE DEPUIS LE 22 AVRIL
Concernant l'assolement, outre les prairies temporaires, blé tendre, blé dur, colza, pois et tournesol étaient déjà associés aux maïs grain et ensilage sur les 257 ha de l'exploitation. Les soles du pois, colza ou blé ont donc augmenté sur les 22 ha non irrigués et la luzerne a été introduite pour sécuriser l'autonomie fourragère. « En 2010, dans le cadre d'une MAE « outarde », j'avais installé 16 ha de luzerne en sec qui n'ont donné que 0,5 t/ha. Cette année, j'ai produit 2 tonnes de matière sèche/ha, alors que la luzerne irriguée produit 7 à 9 t de MS/ha. Une fois de plus, cela prouve qu'un système sans irrigation n'est pas viable », appuie Denis.
Cette année, pour les 15 ha de maïs, 1 800 à 2 000 m3/ha seront utilisés et 700 à 1 000 m3/ha suffiront à irriguer la luzerne. Un passage d'eau par an est aussi effectué sur blé tendre si besoin (250 m3/ha environ). « Cette année, nous sommes en restriction totale depuis le 22 avril mais des dérogations sont accordées selon les demandes de l'association des irrigants, à condition de rester sous la barre des 50 % du volume hebdomadaire alloué », explique l'agriculteur. Deux tours d'eau de 30 mm chacun pouvaient être effectués fin juin et début juillet sur maïs et un troisième tour sera sûrement autorisé début août. « Nous parvenons à irriguer mais au prix de nombreux efforts, de négociations et de dérogations... Si nous ne créons pas de réserves et que je dois irriguer grâce au forage, je vais sérieusement me poser la question de continuer à semer du maïs... », s'inquiète Denis Mousseau.
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